Julie Amiot, Université Paris Sorbonne Paris IV
Opérations de transposition du récit littéraire au récit filmique :
1. Suppressions :
● Récit de l’incarcération de Roberto de la Cruz dans le roman (passage assez long sur le plan quantitatif et qualitatif dans l’économie générale du texte) ; enfermement dans un HP à la fin du roman, où Lavinia s’apprête à lui rendre visite
● Personnages d’Asuara et de l’ex inspecteur Herrera ;
père de Carlota ;
conde Schwartzemberg
● Thématique de l’homosexualité féminine (Patricia Terrazas) et masculine (conde Schwartzemberg).
Références à la réalité politique et sociale : mise en avant de la corruption (politiques fréquentant la maison de jeu d’Asuara, qui finit… membre de la Cour Suprême)
2. Remaniements/simplifications
● Structure temporelle : temps du récit linéaire dans le roman, déchronologique dans le film.
● Personnages : changement de prénom du personnage principal ; il boit de l’alcool dans le roman, et du lait dans le film ;
existence d’une petite sœur de Roberto dans le roman alors qu’Archibald précise dès le début du film « era hijo único » ;
Felipe Inclán, architecte homosexuel épouse Carlota et meurt dans le roman
Pedro Varona, qui a autrefois séduit sa mère, entretient avec Carlota des relations intimes jusqu’après son mariage avec Roberto, car Carlota le menace de faire un scandale s’il l’abandonne
Alejandro dans le film représente comme un synthèse remaniée des deux
● Intrigue : simplification de l’histoire de la mère et la fille Cervantes ; dans le roman, Roberto est surtout fasciné par la mère ;
modification de l’origine de la vocation meurtrière du personnage principal qui débouche dans le roman sur la théorie du crime gratuit, purement esthétique ; la préparation des meurtres fait l’objet d’un récit très détaillé dans le roman (p. 59-60 ; p. 188-189 ; 190-191 : empreinte du dramaturge ?) ;
Roberto tue réellement Carlota dans le roman
● Ancrage référentiel : disparition des indications topographiques précises (bars et restaurants fréquentés par les personnages de la bourgeoisie, mention des rues dans lesquelles passent les personnages).
3. Ajouts/développements
● Personnages : Willie ; Religieuse-infirmière
Lavinia (personnage très marginal dans le roman, cardinal dans le film, présente dès l’achat par Archibald de la boîte à musique chez l’antiquaire)
le groupe de touristes nord-américains est fortement individualisé dans le film où il acquiert un rôle important sur le plan dramatique ≠ dans le roman, la mention des touristes nord-américains fonctionne comme un leitmotiv référentiel, sans implication dramatique ;
description détaillée de l’environnement familial dans lequel grandit Archibald au début du film alors qu’il y est seulement fait allusion dans le roman
réunion du trio militaire – commissaire – prêtre qui s’extasient sur la beauté de l’« émotion patriotique ».
● Récit : séquence de l’hôpital dans laquelle Archibald raconte son enfance à l’infirmière ; mort de celle-ci
séquence où Lavinia rend visite à Archibald chez lui dans le film
séquence dans la taverne fréquentée par les « gringos » dans laquelle il croise Lavinia pour la deuxième fois
épisode de la lettre d’Alejandro qui demande à Archibald de se rendre au jardin des architectes (dans le film, c’est le commissaire qui lui dit la vérité après la mort de Carlota)
dénouement du film : Archibald jette sa boîte à musique, et s’éloigne au bras de Lavinia.