7 novembre 2015
  11h00 à 13h00
  Salle Delpy, Institut d’Études Ibériques et Latino-américaines, Sorbonne Université
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Conférence de Katharina Niemeyer dans le cadre de la thématique interaxe du CRIMIC “Face à la catastrophe”

Katharina Niemeyer est Maîtresse de conférences à l’Institut Français de Presse (université Panthéon-Assas, Paris II), chercheuse au CARISM (Centre d’Analyse et de Recherche Interdisciplinaires sur les Médias) et membre du conseil de la IAMHIST (International Association for Media and History). Elle est co-fondatrice du IMNN (International Media and Nostalgia Network) et a traduit des textes de Jean Baudrillard du français à l’ allemand. Ses travaux portent principalement sur la question du lien entre médias, histoire et mémoire et plus largement sur la question du temps et des temporalités. Elle a récemment édité l’ouvrage Media and Nostalgia (2014, Palgrave Macmillan, Basingstoke, collection Memory Studies Series) et en 2011 elle a publié De la chute du mur de Berlin au 11 Septembre 2001. Le journal télévisé, les mémoires collectives et l’écriture de l’histoire (Antipodes, Lausanne).

 

Résumé:

Une catastrophe peut en cacher une autre. Celle du 11 Septembre 2001, par exemple, n’est pas uniquement un événement catastrophique désignant la destruction des tours jumelles, elle était également une catastrophe médiatique, ayant pris en otage la télévision qui a transmis l’implosion physique des tours ainsi que l’implosion du système médiatique. Dans la continuité des réflexions menées au sein de l’interaxe du CRIMIC « Face à la catastrophe », une discussion du lien qu’entretiennent les médias avec la catastrophe sera proposée durant cette conférence. Basée sur une introduction de l’approche médiatique en sciences sociales et humaines, il s’agira de comprendre, avec un œil critique, la catastrophe sous le prisme de l’événement ; car de facto les deux sont quasiment indivisibles quand nous avons affaire aux discours médiatiques. Si l’événement est souvent conçu comme étant une rupture dans l’ordre des choses, l’événement catastrophique médiatisé conjugue deux formes d’expériences distinctes, celle des témoins sur place et celle des publics qui y accèdent via des récits audiovisuels ou écrits livrés par le journalistes (ou amateurs sur le web). Quand la catastrophe a lieu au moment même de sa diffusion médiatique, ce qui a été le cas le jour du 11 Septembre 2001 ou encore lors des événements de Charlie Hebdo en janvier 2015, cette expérience se confronte à une difficulté pour les journalistes d’en délivrer un récit intelligible et ordonné. L’instance de médiation perturbée, les journalistes ainsi que les téléspectateurs deviennent, malgré eux, témoins de ce qui arrive.

Certaines catastrophes, naturelles par exemple, sont médiagéniques, c’est à dire qu’elles peuvent délivrer des images s’insérant dans un régime visuel naviguant entre une esthétique choquante et un spectaculaire cruel, posant ainsi également la question d’une déontologie journalistique qui doit connaître ses limites entre ce qui est montrable et ce qui ne devrait pas l’être. D’autres catastrophes comme celle qui ‘durent’ et dont la rupture événementielle ne se dévoile pas pendant un moment précis posent ainsi un ‘problème’ médiatique de visibilité. La catastrophe de Fukushima, mais de même la crise économique en font partie, tout comme la récente crise des ‘migrants’ ; la photographie du petit garçon noyé en est un autre exemple : elle semble contracter en elle l’immensité d’une catastrophe dont le début et la fin ne sont pas limitables dans le temps. Suite à l’analyse de ces différents cas, il s’agira ensuite de questionner ces catastrophes ‘du temps présent’ sous l’angle des mémoires collectives et de l’écriture de l’histoire car ces images et récits mondialement partagées secouent les historiens du temps présent, tant sur le plan de la source, tant sur le plan de la confrontation entre manie commémorative et l’histoire qui se veut factuelle. Cette réflexion sera menée, entre autres, sur la base des travaux de Henri Bergson, de Maurice Halbwachs, de Paul Ricoeur et de Pierre Nora afin de les transposer et de les discuter à l’échelle des memory et media studies.

 

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