Coordination : Nancy Berthier (Crimic, Paris-Sorbonne) et Vicente Sánchez Biosca (université de Valencia)
La dernière image
La dernière image est fondamentale pour fixer un premier cadre dans la gestion de l’image post mortem du leader charismatique. Comment est représentée la mort et comment sont mises en scène les funérailles ? Quelle image l’entourage du défunt, parfois en accord avec ce dernier dont les volontés testamentaires sont respectées, veut-il donner au monde ? Quelles est la part des rituels collectifs ? Y a-t-il une ou des images ? Que se passe-t-il lorsqu’on se heurte à l’image absente (Hitler, Ben Laden) ? A partir de trois interventions portant sur des figures et des modes de représentations différents, s’engagera une réflexion générale autour de ces questions.
Intervenants :
Martine Heredia : “Face au cadavre de Mussolini : détruire le corps charismatique”
M.H. a écrit une thèse sur L’Art Informel en Espagne, autour de l’oeuvre de Tàpies, Saura et Millares et sur lesquels elle a publié de nombreux articles. Son travail de recherche porte sur la matière et le geste
Gianni Haver : “Le charme discret du Général, la mort d’Henri Guisan et ses funérailles à Lausanne le 12 avril 1960”
GH est professeur de sociologie de l’image et d’histoire sociale des médias à l’Université de Lausanne. Il s’intéresse particulièrement aux productions médiatiques de la période de l’entre-deux-guerres et de la Deuxième Guerre mondiale. Il a notamment travaillé sur le cinéma et, plus récemment, sur les comics et la photo de presse. Il dirige la collection « Médias et histoire » aux éditions Antipodes. Il a publié notamment : Le Héros était une femme… Les genres de l’aventure (avec Loïse Bilat), Antipodes, Lausanne, 2011 ; L’image de la Suisse, LeP, Lausanne, 2011 ; Photo de presse : usages et pratiques, Antipodes, Lausanne, 2009 ; Le cinéma au pas. La production des pays totalitaires et son impact en Suisse, Lausanne, Antipodes, 2004 ; Les lueurs de la guerre : écrans vaudois 1939-1945, Lausanne, Payot, 2003 ; Le spectacle cinématographique en Suisse 1895-1945, Lausanne, Antipodes, 2003 (en collaboration avec Pierre Emmanuel Jaques).
Jean-Hugues Berrou : “L’exhibition publique du corps du Che et son inversion symbolique”
JHB est l’auteur de plusieurs livres et documentaires de création autour d’Arthur Rimbaud et Anton Tchekhov. Il a enquêté sur les deux dernières années de la vie de Che Guevara, montrant comment la naissance du Che comme icône est symétrique à un mouvement de disparition de son propre corps (Che Images, Fayard 2003).
Présentation générale
La mort du leader charismatique, un événement parmi d’autres de sa biographie, est cependant dotée d’un sens tout à fait particulier. Point final, elle s’impose comme l’événement unique, d’une portée singulière, qui marque à la fois la sortie de l’histoire, suspendant le cours du temps de l’action politique, et en même temps l’entrée dans l’Histoire, c’est-à-dire le long terme de la mémoire collective. Pour les leaders charismatiques du XXe siècle, dont la représentation est largement liée à une mise en scène médiatique dominée par l’image photomécanique, la mort se joue souvent dans des effets de mise en scène. La dernière image est à cet égard fondatrice. Soit qu’elle cautionne un parcours donné comme exemplaire, soit qu’elle fasse l’objet d’une remise en question radicale, à plus ou moins long terme.
Dans le cadre d’un projet innovant de l’université Paris-Sorbonne, et à la suite du séminaire « Charisme et image politique », coorganisé par l’Ecole des Hautes Etudes hispaniques (la Casa de Velázquez de Madrid), l’université Paris-Sorbonne Paris IV (Crimic EA 2561) et l’université de Valencia (Espagne), qui s’est tenu à Valencia dans la première partie de l’année 2011 (février, avril et juin), nous souhaitons prolonger la réflexion sur le rôle de l’image photomécanique dans la construction des figures charismatiques du XXe siècle à partir d’un angle thématique précis, celui de la mort du leader.
Le programme s’articulera en deux temps, correspondant à deux journées qui se tiendront dans la première partie de l’année 2012 et au cours desquelles, comme à Valencia, un nombre limité d’intervenants nous aideront à penser la mort du leader. Les exemples seront puisés dans des cas hispaniques, « canoniques » ou « atypique ». Ces journées pourront être clôturées par une projection de films.