L’idée du cercle de lecture est de se retrouver régulièrement pour lire des textes dont la thématique vaste et fédératrice au delà des divers axes de notre laboratoire, permette une discussion fertile entre doctorant.e.s et de souligner ce que chacune de nos spécialités apporte à la réflexion -les convergences, mais aussi les divisions et contradictions de notre discipline. Lors de la séance d’ouverture, les organisateur/trices prépareront un brève présentation ainsi que quelques questions pour lancer la discussion.
Lusophonie et hispanisme sont deux concepts parents qui constituent le coeur de nos enseignements et recherches. Et pourtant, leur relation ne va pas de soi. L’hispanisme embrasse historiquement la lusophonie sans pour autant la contenir, elle lui échappe. Par ailleurs, les concepts sont clivés et contradictoires de l’intérieur.
Nous proposons une approche de ces problématiques, internes et externes, par l’étude de deux textes, du côté hispaniste: « Siete tesis contra el Hispanismo » d’Eduardo Subirats; et du côté lusiste: « A bandeira da língua como um arquétipo de pátria: Ficções da lusofonia em contexto pós-colonial » d’Ana Isabel Bandeira.
Leurs auteur.e.s y développent donc l’historicité et les contradictions propres à leur concept. Eduardo Subirats est un philosophe, nourri de théorie critique allemande et d’esthétique, d’où ses nombreux passages sur l’histoire des idées politiques et culturelles, et particulièrement sur l’idée de modernité. Notamment, son idée de redéfinir l’hispanisme en fonction de ses centres spirituels, et par là-même contribuer à re-fonder une modernité. Ana Isabel Madeira, pour sa part, s’appuie sur une vision postcoloniale de la lusophonie (donc post-moderne et non nostalgique de la modernité) qui est plus sociologique et tributaire de Michel Foucault. Donc, plus marquée par la cartographie des identités/subjectivités que par la revalorisation de contenus.
Pour autant et de manière semblable, ce sont bien des rapports de force qui sont démontés dans la construction respective de chaque concept. Cette dialectisation les enrichit individuellement mais aussi comparativement, et incidemment notre propre discipline, qui, à défaut de se nommer de manière unitaire, y gagne en cohérence, dessinant des perspectives communes par la praxis et l’étude.