Conférence de Fabienne ORSI, économiste, chargée de recherche HDR de l’Institut de Recherche et de Développement (IRD), membre du Laboratoire Population Environnement Développement (LPED) à vocation interdisciplinaire pour le développement des recherches à l’interface entre Sciences de la Société et Sciences de l’Environnement.
Thèmes et programmes de recherche :
« Mes recherches ont longtemps porté sur l’étude de l’évolution du droit de propriété intellectuelle dans le domaine de la santé et les conséquences de cette évolution sur l’accès à la connaissance et aux médicaments notamment dans les pays du sud, ainsi que les conflits internationaux que cette évolution a provoqués. Je me suis aussi longtemps attachée à mettre en lumière l’importance de cette évolution du droit de propriété intellectuelle dans les changements profonds du capitalisme contemporain de même que dans la redéfinition des rapports nord/sud en matière de commerce international. Dans cette perspective, j’ai aussi été amenée à travailler sur la constitution et la dynamique de marchés de médicaments au sud, et en particulier les marchés des antirétroviraux et des antipaludéens.
Depuis une quinzaine d’années mes travaux se sont orientés vers le thème des « communs » pour la recherche d’alternatives au modèle propriétaire d’abord dans le domaine de la santé pour ensuite s’étendre à des domaines variés obligeant à réinvestir à l’aune des communs des notions aussi fondamentales que la propriété, l’Etat, le gouvernement, les services publics, la démocratie.
La pandémie de covid 19 a orienté mon travail dans deux perspectives complémentaires :
l’une autour de la question du soin avec comme perspective le deploiement d’une reflexion collective sur la question de penser autrement le soin et le service pubic de santé au prisme d’une approche par les communs.
La seconde concerne la question de l’accès universel aux biens de santé en temps de pandémie
Je co-dirige avec mes collègues juristes Marie Cornu et Judith Rochfeld le Dictionnaire des biens communs dont la première édition est parue aux PUF en 2017, la deuxième édition augmentée en janvier 2021.
Je suis co-fondatrice de la Revue en ligne en libre accès EnCommuns première revue de langue française consacrée aux communs. »
Dictionnaire des biens communs, PUF, 2017, 2e éd. 2021.
Résumé Que sont les « communs » ?
La notion ne cesse d’être mobilisée aujourd’hui. Elle traduit le constat d’une évolution des pratiques sociales : les biens seraient davantage mis en partage. Logiciel libre, habitat participatif, vélos ou voitures en usage successif, entreprise qui serait le « bien commun » de toutes les parties prenantes : la notion envahit tous les domaines de la vie, allant de la culture, l’environnement et l’urbanisme à la santé, au travail et à la technologie. Si la mobilisation est intense, c’est que la notion autorise à penser le changement social sur la base d’un réinvestissement du collectif, des communautés, du partage et de l’usage. Elle réinterprète les valeurs fondatrices des sociétés contemporaines. Ainsi, les communs sont irrémédiablement liés au rôle de l’État, de la propriété et de la démocratie. Ils sont à la fois une réflexion théorique, un débat politique et un lieu d’expériences citoyennes. Ce dictionnaire, placé à mi-chemin entre le vocabulaire et l’encyclopédie, est un véritable outil de compréhension du phénomène dans les différents champs où il intervient.
La revue EnCommuns est un projet mené par l’association du même nom. Les articles, disponibles en libre accès, sont publiés sous la licence Creative Commons (BY-NC-ND), sauf exceptions indiquées.
Notre projet éditorial synthétisé dans l’éditorial “Une voix pour les communs” est construit autour de quatre idées forces :
– dans une perspective pluridisciplinaire, contribuer à clarifier les concepts de base mobilisés dans les approches par les communs
– étendre et enrichir l’approche par les communs
– nourrir la réflexion par des études de cas et des études de terrain rendant compte des initiatives menées par les communautés de commoners.
– contribuer à élaborer et rendre crédible un autre narratif (ou récit) à l’âge de l’anthropocène : celui des communs comme alternative aux rapports de domination propres au capitalisme contemporain (extractivisme, marchandisation, financiarisation, numérisation…).
Maison de la Recherche. Amphi Molinié (Rez-de-chaussée)
