Cette journée d’étude se propose d’amorcer une réflexion générale sur la place des femmes dans les institutions muséales d’Espagne et d’Amérique latine du XXe siècle à nos jours. Au cours de cette période, les manifestations du féminin au sein de ce type d’espaces se sont, de fait, peu à peu diversifiées puis ont acquis une visibilité à part entière, qu’il est désormais impossible de passer sous silence. Pourtant, rares sont aujourd’hui les travaux de recherche réalisés à ce sujet et aucun ne semble avoir encore envisagé la question dans toute sa complexité, en prenant simultanément en compte le statut d’objet de représentation qui a été attribué aux femmes depuis que ce genre de lieux existe, et la qualité de créatrices, ou même de public spécifique, qu’elles ont fini par acquérir dans l’enceinte de certains d’entre eux.
Il s’agira donc de s’interroger sur les modalités d’exposition de la création artistique au féminin en considérant, d’une part, l’évolution du rôle affecté au corps de la femme comme motif récurrent des œuvres visibles dans le cadre muséal et, d’autre part, la multiplication d’espaces de présentation permanents ou temporaires dédiés aux recherches créatrices menées par des femmes pour, enfin, mesurer leur impact sur la déconstruction des discours institués en matière de genre. Dans quelle mesure les institutions muséales d’Espagne et d’Amérique latine ont-elles contribué à donner une visibilité au travail des femmes et à légitimer leur patrimoine artistique en prenant le contrepied d’une conception strictement masculine de l’histoire de l’art ? Comment ont-elles pu significativement participer à réformer la condition féminine dans la société ou favoriser le développement de nouvelles réflexions autour de la notion même d’« identité » ? Par ailleurs, dans une perspective de réflexion autour de la notion du « commun », il s’agira d’envisager ici la question depuis la marge du féminin, et de voir comment, à partir de cette marginalisation ou exclusion, prennent naissance de nouvelles formes du « commun » (mouvements associatifs, collectifs de femmes…).
L’ampleur de la zone géographique envisagée nous conduira à privilégier les études de cas centrées sur des institutions muséales ou des figures féminines particulièrement remarquables dans le contexte étudié. En revanche, les représentations féminines analysées seront appréhendées à partir d’une conception très ouverte de la pratique artistique – incluant à la fois la photographie, la peinture, la sculpture et les performances – pour mettre en valeur la croissante diversité de l’implication des femmes dans les espaces réservés à la contemplation, la conservation et la diffusion de l’art. La question d’une spécificité espagnole et/ou hispano-américaine pourra également être abordée, en particulier par rapport au reste de l’Europe et vis-à-vis du cas états-unien.
Cette journée s’inscrit dans le cadre de l’axe thématique « Pratiques et rythmes urbains : des espaces pour montrer, conserver, restaurer les œuvres d’art visuel », pensé par la composante Arts Visuel de l’équipe de recherche CRIMIC (Centre de Recherches sur les Mondes Ibériques Contemporains, Sorbonne Université, EA 2561). Elle est également amenée à nourrir une réflexion sur le patrimoine qui sera prochainement développée par l’équipe RÉMÉLICE (Réception et Médiation de Littératures et de Cultures Étrangères et comparées, Université d’Orléans, EA 4709).
Organisation :
Corinne Cristini (MCF, Sorbonne Université – CRIMIC)
Marion Gautreau (MCF, Université Toulouse – Jean Jaurès – FRAMESPA)
Martine Heredia (CPGE Reims, Sorbonne Université – CRIMIC)
Eva Sebbagh (ATER, Université d’Orléans – RÉMÉLICE)
Lieu: Maison de la recherche, salle D323