La recherche linguistique s’est jusqu’à présent assez peu tournée vers l’étude de la traduction du texte poétique. Pourtant, la traduction de la poésie constitue un observatoire privilégié pour la compréhension des relations complexes qui s’établissent entre les systèmes linguistiques et culturels, ainsi que le montrent si bien la stylistique contrastive et les théories de l’énonciation qui s’intéressent au discours de la subjectivité à tous les niveaux de l’analyse linguistique et littéraire.
Dans notre communication, en nous appuyant sur les textes poétiques de Pablo Neruda et d’Arcadio Pardo, nous examinerons comment les théories linguistiques, et plus largement, le « regard » linguistique, peuvent contribuer à la réflexion déjà bien riche autour de la traduction de la poésie. Notre présupposé sera que la traduction de la poésie, en plus d’être ouverture vers la parole de l’autre, rend visible une distance dans l’écriture qui manifeste la part d’insaisissable dans le langage : ce que montrent tout à la fois la traduction et la poésie prises séparément. En ce sens, comme le souligne à raison Henri Meschonnic, la traduction de la poésie requiert non seulement une théorie de la littérature et une théorie du sujet, mais aussi une théorie translinguistique de l’énonciation adossée à une théorie du langage.
Corinne MENCÉ-CASTER
Professeure des Universités, Sorbonne Université, RELIR-CLEA (UR 4083)-Domaine de recherches : linguistique ; discours ; moyen âge ; traductologie.
Axes de recherches : travaux qui couvrent deux plans distincts, quoique indubitablement liés par une même attention à la problématique de la langue et de l’insertion du sujet dans le discours. Ces deux plans sont : la linguistique médiévale, l’analyse des discours médiévaux, mais aussi la linguistique contemporaine. Ses travaux de linguiste et sémiologue se sont tout d’abord déroulés dans le cadre du Séminaire d’Etudes Médiévales Hispaniques de l’E.N.S. de Lyon, puis de l’Université Paris-IV Sorbonne (SEMH-Sorbonne : CLEA EA 4083), dirigé par le Professeur Georges MARTIN.