Catalina Quesada (Doctora de la Universidad de Sevilla)
La critique dans sa majorité a lu Casa de campo (Barcelona, Seix Barral, 1978) en se focalisant sur ses aspects politiques, l’ayant en effet considéré comme une attaque plus ou moins explicite du régime autoritaire que le Chili soutenait depuis cinq ans ; ou même comme un authentique roman de la dictature, au rang de ces chefs-d’œuvre de la littérature latino-américaine dans lesquelles la présence du dictateur devient asphyxiante, comme chez Miguel Ángel Asturias (El Señor Presidente), Alejo Carpentier (El recurso del método), Augusto Roa Bastos (Yo el Supremo), Gabriel García Márquez (El otoño del patriarca) ou, plus spécifiquement ― étant donné l’absence de cette figure dans Casa de campo ―, à ces œuvres où la dictature est le sujet mais qui manquent notamment du satrape (Amalia, de José Mármol, La mala hora, de García Márquez, ou Conversación en la Catedral, de Vargas Llosa).
Au-delà de ces interprétations de Casa de campo ― politique, social ou au titre de témoignage, en liaison avec les contraintes contextuelles ―, nous proposons une lecture différente, consacrée à la subversion d’autres pouvoirs, dans ce cas précis, aux racines clairement littéraires, c’est à dire, à ce que l’on a appelé contraintes textuelles. Ainsi, nous analysons le rejet du réalisme et des conventions littéraires que renferme celui-ci, grâce au phénomène de la dénudation des structures narratives. L’auteur/narrateur (narrauteur) tend non seulement à instaurer dans l’art cette conscience définitoire du fait méta-littéraire, mais de surcroît à instiguer la conscience lectrice, en avertissant le destinataire des mensonges avec lesquels les écrivains (comme lui même) essaient de les tromper, de les faire tomber dans l’illusion, dans l’hallucination.