Le colloque international « “Para o leitor ler de/vagar” – Herberto leitor, leitores de Helder », organisé par le CELIS (Centre de recherches sur les littératures et la sociopoétique) et le CRIMIC (Centre de recherches interdisciplinaires sur les mondes ibéro-américains contemporains), sur le poète portugais Herberto Helder (1930-2015), s’articule autour de deux axes thématiques : le premier concerne la manière qu’a le poète de transformer tout au long du processus de création la constellation d’auteurs qui constituent son univers poétique (« poétique » utilisé ici dans son sens premier et le plus complet de « poiesis ») ; la deuxième ligne thématique traite de l’incorporation – et on pourrait même dire de la création, en pensant au sens que Maurice Blanchot attribue à la notion de « réécriture » – de l’œuvre par d’autres lecteurs, qu’ils soient critiques, artistes ou écrivains.
Ainsi, le premier axe entend discuter les phénomènes d’intertextualité, les phénomènes « dialogantes » de l’œuvre, dans le cadre de l’année du 60e anniversaire du premier numéro des « cahiers » de la Poesia Experimental, dans lequel le poète a publié l’un des projets de « lecture » les plus radicaux de son œuvre, à savoir le poème « A Máquina de Emaranhar Paisagens ».
« “Para o leitor ler de/vagar” – Herberto leitor, leitores de Helder » s’inscrit dans la continuité des différents colloques internationaux organisés tout au long de ce siècle, comme le colloque « Soldado aos laços das constelações » (2010, 2015, 2017, organisé par l’Universidade Federal Fluminense), le colloque international « Herberto Helder : absurdité du centre, continuité du temps » (2013, organisé par le CREPAL), le congrès international « Herberto Helder – a vida inteira para fundar um poema » (2016, organisé par l’Université de Madère), ou encore la journée d’études « “Saio hoje ao mundo” : homenagem a Herberto Helder » (2019, organisée par l’Université de Porto), parmi d’autres événements scientifiques qui ont marqué la critique de l’œuvre de Helder. Ces évènements ont contribué au questionnement de la construction de la place canonique attribuée au poète – et de son refus à une telle position –, à la réflexion autour de la construction du « poème continu », aussi bien qu’aux dialogues intermédiaux de l’œuvre, pour ne donner que quelques exemples et sans l’intention d’être exhaustif.
Dans le colloque « “Para o leitor ler de/vagar” – Herberto leitor, leitores de Helder », nous proposons d’esquisser les dialogues entre l’œuvre et ses intertextes littéraires et philosophiques, ses dialogues intermédiaux, mais aussi l’intense dialogue interne, qui caractérise la réécriture du poète. En effet, tout au long de sa production, Herberto Helder a fait appel à la tradition poétique portugaise et universelle : « poète orphique » pour António Ramos Rosa (1961), « lecteur de Camões », paraphrasant l’article de Maria Lúcia Dal Farra (1975), poète expérimental qui enchevêtre les grands textes occidentaux, traducteur mutant de traditions hors canon, poète intertextuel des Cantiques ou de Raul Brandão, poète ironique qui transforme Manuel Bandeira, poète ekphrastique, lecteur de soi, sont quelques exemples d’un Herberto Helder féroce, « animal carnivore » alimenté par ses lectures.
Le deuxième axe entend considérer, à la veille du 10e anniversaire de la mort du poète, l’intense fortune critique que les lecteurs de l’œuvre ont laissée derrière eux, problématisant la canonisation de la poésie hébertienne. Dans un premier temps, et dès son plus jeune âge, la réception critique de l’œuvre de H. Helder fut assez vaste et marquée par des textes d’auteurs encore reconnus aujourd’hui tant dans le domaine de la critique que de la poésie ; rappelons-nous, à titre d’exemple, les essais d’António Ramos Rosa (1961, mentionné ci-dessus), António Quadros (1964), Fernando Guimarães (1973, 1985, 1989), Gastão Cruz (1973, 1988, 1994), Fernando J. B. Martinho (1975, 1978), auxquels on peut ajouter ceux de João Gaspar Simões (1981), Joaquim Manuel Magalhães (1981, 1988, 1999), Juliet Perkins (1982, 1991) et Eduardo do Prado Coelho (1994, 1997), entre autres.
En ce sens, si les travaux de Maria Estela Guedes (1979), Maria Lúcia Dal Farra (1979), Maria de Fátima Marinho (1982) et Manuel Frias Martins (1983) constituent les travaux précurseurs des études heldériennes, ils furent rapidement suivis par d’autres ouvrages d’égale importance, on pense notamment aux travaux d’Américo Lindeza Diogo (1990), Manuel de Freitas (2001) et Silvina Rodrigues Lopes (2003), ainsi qu’aux textes d’António Guerreiro (1991, 1994, 2004) et de Manuel Gusmão (2000, 2001, 2002, 2009). Et nous terminons en soulignant les œuvres de Pedro Eiras (2005), Diana Pimentel (2007) et Luis Maffei (2017), et en particulier celle de Rosa Maria Martelo (2016), l’une des voix les plus prolifiques et créatives parmi les lecteurs heldériens. Une nouvelle génération de lecteurs poursuit cette fortune critique déjà longue, et l’un des objectifs de ce colloque sera, d’une part, de tenter d’élaborer un « état de l’art » de la production critique, théorique et artistique autour de l’œuvre du poète, d’autre part, de faire dialoguer toutes ces lectures plus ou moins récentes, voire très récentes.
Bibliographie de l’œuvre d’Herberto Helder et à son sujet (par Rita Novas Miranda en 2019) : https://bairrodosmuseus.cascais.pt/list/catedra-inter-artes/herberto-helder-0?section=0.
Comité d’organisation :
Daniel Rodrigues (CELIS | Université Clermont Auvergne)
Rita Novas Miranda (CRIMIC | Sorbonne Université)
Comité scientifique :
Ana Cristina Joaquim (Universidade Estadual de Campinas)
Daniel Rodrigues (CELIS/ Université Clermont Auvergne)
Daniel Tavares (CEHUM/ Instituto Politécnico de Viana do Castelo)
Diana Pimentel (CIERL/ Universidade da Madeira)
Eunice Ribeiro (CEHUM/ Universidade do Minho)
Fernando Curopos (CREPAL/ Sorbonne Nouvelle)
Fernando Velasco (ILCML/ Universidade do Porto)
Gonçalo Cordeiro (CRILUS/ Université Paris Nanterre)
Ilda Mendes dos Santos (CREPAL/ Sorbonne Nouvelle)
Izabela Leal (Universidade Federal do Pará)
Joana Matos Frias (CEC/ Universidade de Lisboa)
José Manuel Esteves (CRILUS/ Université Paris Nanterre)
Lilian Jacoto (Universidade de São Paulo)
Luis Maffei (Universidade Federal Fluminense)
Maria Lúcia Dal Farra (Universidade Federal de Sergipe)
Paola Poma (Universidade de São Paulo)
Pedro Eiras (ILCML/ Universidade do Porto)
Raquel Gonçalves (Centro de Literatura Portuguesa da Univ. de Coimbra)
Rita Novas Miranda (CRIMIC/ Sorbonne Université)
Rosa Maria Martelo (ILCML/ Universidade do Porto)
Rui Torres (ICNOVA/ Universidade Fernando Pessoa)