Pratiques intermédiales et créations hybrides dans les mondes hispaniques (XXe et XXIe siècles) | Prácticas intermediales y creaciones híbridas en los mundos hispánicos (siglos XX y XXI)
Organisatrices : Roxana Ilasca (ICD, Université de Tours) et Corinne Cristini (CRIMIC Arts visuels, Sorbonne Université)
Les 12 et 13 juin 2025
Faculté de Lettres & Langues, Université de Tours : 3 rue des Tanneurs, 37000 Tours
Employée pour la première fois en 1965 par Dick Higgins, la notion d’intermédialité commence à attirer l’attention des théoriciens et des chercheurs dans un contexte socioculturel de prolifération des supports médiatiques liés aux nouvelles technologies à partir de la fin du XXe siècle. Si, pour Higgins, le concept désignait les pratiques créatives intégrant, d’un côté, des médias purement artistiques et, de l’autre, des outils non familiers au milieu artistique, aujourd’hui, l’intermédialité implique, à l’instar de toute terminologie nouvelle, « une tension entre le désir de préciser son sens et son caractère indéfini » (Prieto, 2017). Autrement dit, sa conceptualisation est en permanente (re)définition, c’est un « interminable work in progress » (Müller, 2006 ; Prieto, 2017).
Cependant, les pratiques intermédiales précèdent l’émergence des outils numériques et englobent des techniques très variées, de l’ekphrasis à l’adaptation ou encore au transmédia. Dans son questionnement sur ce concept labile et polymorphe, Jürgen E. Müller pointe un changement de paradigme, le passage de la textualité à la matérialité, nous rappelant que « l’étymologie de la notion d’intermédialité nous renvoie aux jeux de “l’être entre” » (2006 : 100). Éric Méchoulan, de son côté, met l’accent sur l’idée de circulation et de déplacement corrélée au concept : « l’intermédialité peut désigner les déplacements, échanges, transferts ou recyclages d’un média bien circonscrit dans un autre […]. Mais l’intermédialité ouvre sur des problèmes bien plus larges que ce genre de cas particulier. L’intermédialité est surtout ce creuset de médias dans lequel émerge, flotte, circule, change, s’établit peu à peu ce qui en vient à prendre le visage apparemment reconnaissable de tel ou tel média […] » (2017). Dans le panorama hispanique, Antonio J. Gil González (2012) mobilise la notion d’intermédialité pour identifier et réunir l’ensemble des interactions entre les médias. Il s’agit, dans ce cas, d’un concept très vaste, qui désigne, sous l’influence des modèles et processus biochimiques, le mélange, la contamination, le métissage comme dynamiques fondamentales de la vie. Le chercheur associe, ainsi, aux phénomènes d’intermédialité, toute forme d’hybridation et d’adaptation de divers médias, langages et discours. C’est dans ce sens plus large que nous intéresse ici le concept d’intermédialité, en tant que terme susceptible d’englober diverses pratiques hybrides dans le processus de création artistique.
Ainsi, l’objectif de ce colloque sera d’étudier les différents procédés d’interaction entre les médias dans les œuvres artistiques, littéraires, cinématographiques, graphiques… dans les mondes hispaniques contemporains (XXe et XXIesiècles).
- théories et esthétiques des pratiques hybrides et intermédiales ;
- les œuvres intermédiales et la porosité des formes d’expression artistique (interactions entre littérature, peinture, photographie, cinéma, roman graphique…) ;
- l’intégration et l’assimilation d’autres discours (historiques, théoriques, etc.) dans des productions littéraires et artistiques ;
- la création et l’intelligence artificielle comme pratique intermédiale émergente au XXIe siècle.
