Journée d’étude internationale
Les voix de l’enfance dans la littérature lusophone
L’enfance est un thème incontournable de la littérature moderne. Qu’elle se présente comme une période édénique et fantastique, ou bien souvent comme un souvenir douloureux, l’enfance n’est pas une époque révolue ou oubliée, distante du présent, à jamais perdue. Ce temps se convertit en une expérience essentielle de l’écrivain, qu’il n’abandonne pas – et qui ne l’abandonne pas à son tour.
Au Brésil, de nombreux auteurs ont su mettre au premier plan le regard et la voix de l’enfant pour appréhender le monde. José Lins do Rego, Graciliano Ramos, Guimarães Rosa, Clarice Lispector, Jorge Amado, José Mauro Vasconcelos – avec son chef d’œuvre Mon bel oranger (1968) – Manuel Bandeira, Manuel de Barros, pour ne citer que quelques classiques. Au Portugal, Antônio Lobos Antunes, Valter Hugo Mãe, Saramago, Dulce Maria Cardoso, Isabela Figueiredo, entre autres, revisitent leur enfance, parfois en explorant une mémoire traumatisante, parfois en mettant en lumière le regard fantastique qui révèle une signification profonde du quotidien. Dans la poésie, par ailleurs, Manuel Antônio Pina, Ruy Belo, Adília Lopes et Herberto Helder ne limitent pas l’enfance à la condition de mémoire, mais dans la pratique même de l’écriture. Du côté de l’Afrique lusophone, de nombreux auteurs ont aussi choisi de faire résonner les voix de l’enfance d’une façon singulière et pleine de sensibilités, comme c’est le cas des Angolais Luandino Vieira, Ondjaki et Manuel Rui, ou bien du Mozambicain Mia Couto.
Comment la littérature aborde-t-elle l’expérience de l’enfance ? Quelle est la relation entre l’enfance et l’écriture littéraire ? La voix du narrateur ou je-lyrique enfant – ou bien celle de l’adulte qui remémore sa propre enfance à travers l’écriture – a la particularité d’éveiller en nous des souvenirs enfouis, mais qui répercutent profondément dans notre existence à part entière. De quelle manière nous percevons cette voix enfantine qui émane des textes littéraires, en prose et en poésie, parfois présentée dans le passé, mais souvent résonnant dans nos expériences du présent ?
En outre, il sera aussi l’occasion de penser l’enfance dans sa dimension magique et ludique, en interrogeant le pouvoir du mythe, de la fabulation et de la création idyllique de l’enfant. À un moment où le présent apparaît comme une impasse, un espace vidé d’espoir pour l’avenir, la perspective du langage de l’enfance, ou « l’enfance du monde », peut être une stratégie discursive privilégiée pour créer d’autres mondes, des formes du devenir. Puisque le langage engendre de nouveaux modes de vie communs, l’idée, c’est de penser l’enfance non seulement comme un thème, mais aussi comme un geste inventif, comme un regard transgresseur de l’enfant tourné vers l’adulte.
Cette journée sera ainsi consacrée à l’étude des œuvres littéraires liées à l’enfance, qui font résonner sa voix, sa mémoire, ses émotions. Nous cherchons à mettre en évidence des recherches consacrées à cette thématique, tout en suscitant un débat critique autour de l’univers infantile. Enfin, l’idée, c’est aussi de penser les textes lusophones dans le prisme de l’enfance tout en ouvrant les discussions à des perspectives comparatistes.
Mirella do Carmo Botaro et Deyse Moreira
Au 56 Bd des Batignolles Paris 17e. Grande salle du 3e étage
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ID de réunion zoom: 964 4636 4487
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