Depuis ses débuts, le cinéma s’est toujours tourné vers les textes littéraires comme source inépuisable d’inspiration. Dans ce contexte, il est important de réfléchir aux interactions entre ces deux formes d’art, en analysant comment elles se nourrissent mutuellement, tout en examinant leurs spécificités. Quelles interactions, intersections et dialogues entre ces deux systèmes de signes ? Les croisements entre ces deux univers d’expression ne se limitent pas uniquement au travail d’adaptation cinématographique de textes littéraires ou à l’incorporation d’éléments et de stratégies du discours cinématographique dans les œuvres littéraires, mais passent également par des dialogues implicites, des citations, des évocations, des “transcréations” et des croisements imprévus. Dans le cadre de la Saison Croisée France/Brésil 2025, nous proposons des rencontres autour de deux importantes adaptations contemporaines du cinéma brésilien.
Pour notre deuxième séance, nous nous intéresserons au film La vie invisible d’Euridice Gusmão (A vida invisível de Euridice Gusmão – 2019) de Karim Aïnouz, prix Un certain regard du Festival de Cannes 2019. Adapté du premier roman écrit par Martha Batalha, ce film retrace la vie, dans le Brésil des années 1940 et 1950, d’Eurídice et Guida, deux sœurs cantonnées aux rôles d’épouse et de mère par un système patriarcal qui les étouffe. Ce livre est « basé sur la vie de nos grands-mères », comme l’annonce Martha Batalha au début du livre. Dans l’adaptation, les scénaristes optent pour un ton romanesque renforcé par une écriture mélodramatique et épistolaire, qui accompagne la séparation des deux sœurs dont les lettres échangées finissent par ne jamais arriver à leurs destinataires. Ce style est appuyé par une mise en scène choisissant de filmer les personnages au milieu d’une nature tropicale d’une grande beauté, avec des couleurs saturées, entre rouge, vert et jaune, tout en captant de manière crue les corps qui transpirent, qui dansent, qui travaillent et qui souffrent.
Projection suivie d’un débat avec Alberto da Silva et Michel Riaudel (Sorbonne Université)
Le mardi 1er avril à 18 h 30 au cinéma Les Trois Luxembourg
Réservations : https://www.lestroisluxembourg.com/reserver/F273129/D1743525000/VO/269615/
