Entre écriture errante poreuse à toute altérité et ancrage viscéral à l’autre langue de l’origine, la poésie mexicaine contemporaine offre un éventail ouvert de situations poétiques où la question des confins demeure fondamentale : cartographies des frontières, au Nord, au Sud dans des poèmes finisterristes (Cristina Rivera Garza) ou la friction politique (po-éthique) du bilinguisme (Natalia Toledo), multiples confins intimes du partage des mots (Fabio Morabito), contemporanéité bousculée dans des textes cosmopolites (Julian Herbert, Luis Felipe Fabre…).
Comme constellation de voix, territoire d’échos et collisions, la langue du poème se souvient, (se) transporte, crée du rythme et du souffle, respire et se verse ailleurs, « chorro a veces, / una palabra vertical que rompe el tedio de los mares » (Morabito).
Et cette langue qui migre, qui transhume, est, dans les mots de Jean Portante aussi, une langue baleine qui « poumonne ». Autant de gestes lyriques en acte dans la poésie mexicaine d’aujourd’hui et que nous proposons d’explorer ici.